La Cité de la culture de Tunis a accueilli le 28 mai 2024, à la salle «Théâtre des Jeunes Créateurs», la cérémonie d’ouverture du Festival international des musiciens et créateurs en situation de handicap dans sa sixième édition. Dans une ère où l’inclusion devient cruciale, cet événement qui s’étale sur trois jours est organisé par l’association Ibsar dans le cadre de ses actions au bénéfice des non-voyants et autres handicapés, en coopération avec des organismes nationaux et internationaux.
Sensibiliser et positiver le regard sur le handicap
Le mot d’ouverture a été donné par Mohamed Mansouri, fondateur et président de l’association Ibsar, lui-même non-voyant. Devant un public large et les représentants diplomatiques des Emirats arabes unis et de la Coopération tuniso-suisse, il a insisté sur l’importance de reconnaître les compétences des handicapés dans tous les domaines et soutenir leurs talents. L’association Ibsar, fondée depuis 2012, travaille sur la culture, les sports, les loisirs, les droits civils ainsi que l’éducation et la formation professionnelle. Elle ambitionne de lutter contre toutes les formes de discrimination sur la base du handicap et inciter à la discrimination positive en vue de réaliser l’égalité des chances. M. Mansouri a indiqué que le handicap ne doit plus être vu comme une limitation, mais comme une source d’inspiration. Il a salué à la fin de son discours les participants à l’événement, issus de nombreux pays : l’Irak, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, l’Iran, l’Espagne, la Suisse, le Maroc, la Libye et l’Algérie. Le représentant de la Coopération tuniso-suisse, qui soutient le festival, a intervenu par la suite en rappelant l’importance de la culture, pilier fondamental du développement économique et social.
La prestation musicale : un vrai challenge et une merveilleuse réussite
Le spectacle musical meublé par des créateurs non et mal voyants est engagé dans une double mission : artistique et sociale. Son objectif est notamment d’intégrer ces artistes dans la vie culturelle et intellectuelle afin de faire tomber les préjugés, rompre l’isolement social et leur ouvrir de nouveaux horizons. Des performances musicales de l’Iran, de la Suisse, du Maroc, des Émirats arabes unis, de l’Espagne et de la Tunisie se sont succédé. Parmi ces musiciens remarquables, Ahmed, enfant émirati non-voyant, a fait preuve d’un talent étonnant avec son interprétation de ses propres compositions. Omar du Maroc a suscité l’attention et captivé l’audience par sa voix et son jeu au piano. Il nous a confié, après son spectacle, avoir participé à plus de 60 génériques de feuilletons et musiques de films. Tous ces musiciens qui ont maîtrisé texte, apparence, gestuelle et position sont un véritable exemple de résilience, ce qui ajoute encore plus de grandeur à leurs compétences exceptionnelles. Ils ont démontré que leurs mélodies sont un moyen de surmonter les difficultés de leur handicap, de transcender les barrières et d’éclairer l’obscurité. Le spectacle s’est clôturé par la prestation d’un danseur atteint de surdité. Sa passion inébranlable pour la danse, défiant les limites physiques, a ravi le monde qui l’a applaudi longuement. D’ailleurs, des professionnels étaient présents tout au long de l’événement pour traduire les discours en langue des signes.
Un engagement actif par le dialogue
Des ateliers interactifs sont orchestrés lors du festival pour aborder le sujet du handicap sous différents angles et échanger les expériences des participants venant d’autres horizons culturels et sociaux. Ces rencontres partent de situations réelles suscitant des réflexions profondes pour s’interroger sur les moyens de compensation et les différents dispositifs mis en place afin de faciliter l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap. Les perspectives individuelles et les témoignages inspirants s’entrelacent pour former une compréhension collective approfondie de la situation de ces personnes à besoins spécifiques et aboutir à un changement significatif.